L’émergence de l’OAM
L’« Observation-analyse du mouvement » (OAM) a été élaborée à l’issue d’une première recherche: « Élaboration d’un nouveau cadre conceptuel pour l’analyse qualitative du mouvement humain à partir de deux systèmes existants, l’analyse du mouvement selon Laban (LMA) et l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD) »[1]. Elle a été menée entre 2013 et 2016.

L’OAM a été créée à partir de l’activité des experts dans une tâche d’observation du mouvement.
Une complémentarité s’est alors progressivement articulée entre L’AFCMD et le LMA, jusqu’alors isolées l’une de l’autre dans la pratique.
D’une part, cette recherche a permis d’identifier les procédés impliqués dans l’activité d’observation-analyse du mouvement.
D’autre part, elle a donné lieu à une nouvelle conceptualisation des paramètres observables du mouvement qui appréhende les trois fonctions fondatrices de la corporéité: les fonctions phorique, haptique et expressive.
Vers une validation scientifique du « terrain fonctionnel »?
Une deuxième recherche est en cours, avec « L’analyse du mouvement au service de l’étude de la corporéité en arts vivants : validation d’un nouveau cadre par son application dans la pratique artistique »[2].
Un premier volet consiste à valider une hypothèse concernant un élément spécifique de la fonction phorique de l’OAM, à savoir l’existence du « terrain fonctionnel ».
Pressentie par le chercheur français Hubert Godard, le « terrain fonctionnel » évoque la tendance personnelle relative à la relation à la gravité, colorant le rapport au monde et au mouvement de la personne.
Selon cette hypothèse, certaines personnes stabiliseraient davantage leur mouvement avec le système somatosensoriel des membres inférieurs (« Terre ») et d’autres via le système visuel et vestibulaire le la tête (« Ciel »).
La validation de ce paramètre a le potentiel d’enrichir notre compréhension du fonctionnement moteur humain et de l’apprentissage du mouvement.
La mise en œuvre de l’OAM dans les arts
Le deuxième volet du projet de recherche est l’occasion d’éprouver et affiner sur le terrain des arts vivants la nouvelle proposition conceptuelle de l’OAM.
Des artistes et des professionnels collaborent afin de mieux cerner la pertinence de l’OAM à répondre à différents besoins : analyse esthétique, outil de création et d’interprétation, reprise de rôles, formation des artistes et des enseignants en arts, interventions en danse pour le mieux-être de personnes à besoins particuliers.
Ce volet se déploie en cinq étapes et s’intéresse à différentes questions:

L’esthétisme d’une compagnie de danse et la corporéité de ses interprètes
Quels sont le style esthétique de la chorégraphe Danièle Desnoyers et la signature expressivo-fonctionnelle de ses interprètes, à travers le répertoire de sa compagnie Le Carré des Lombes depuis sa création en 1986?

© Etienne Bertrand Weill
L’archive vivante et la reprise de rôle en mime
Quelles sont les variations de corporéité lors de la reprise du rôle du mime Étienne Decroux, dans son œuvre la Méditation, par différents interprètes ayant travaillé directement ou non avec le créateur?

La gestuelle des chefs de chœur et sa résonance
Quel est l’impact de la dynamique corporelle de six chefs de chœur sur la qualité musicale de l’interprétation des mêmes choristes interprétant une même œuvre?

L’enseignement de la danse
Comment l’enseignement en danse des quatre ordres d’enseignement (primaire, secondaire, collégial et universitaire) peut-il bénéficier de l’OAM?

L’intervention en danse
Comment l’OAM peut-il être au service de l’intervention en danse en milieu de soin?
Pour un rayonnement de l’OAM dans différents champs
Au-delà du domaine des arts vivants, l’OAM a aussi le potentiel de contribuer dans d’autres champs de pratiques et de connaissances, notamment : la santé, les sciences de l’activité physique et l’étude des comportements humains (psychologie, anthropologie, ethnographie).

L’intervention en néonatalité
Le projet multidisciplinaire Danse intensive réunit présentement des spécialistes en néonatalité (Dr Ahmed Moussa), en sociologie (Claude-Julie Bourque), en mesure et évaluation (Nathalie Loye) et en Observation-Analyse du Mouvement (Geneviève Dussault et Audrey Rochette). Ce projet est financé par le programme intersectoriel Audace du Fonds de recherche du Québec.
À partir de vidéos de simulation de situations d’urgence en néonatalité, l’Observation-analyse du mouvement (OAM) servira de base à la co-construction d’outils d’analyse et d’évaluation des actions non techniques (ANT).
L’OAM permettra d’identifier les paramètres du mouvement mis en jeu dans la communication non verbale, plus spécifiquement la communication en boucle et le leadership. À partir des données recueillies par l’analyse, l’équipe cherchera à construire du sens dans le but d’identifier les éléments permettant d’améliorer l’acquisition de compétences non techniques dans la formation des intervenants en néonatalité.
[1] Ce projet de recherche a été supporté par le programme Développement savoir CRSH entre 2013 et 2016.
[2] Ce projet de recherche est soutenu par le programme Savoir CRSH entre 2019 et 2024.